Les mercenaires by Greenwood Ed

Auteur:Greenwood, Ed [Greenwood, Ed]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy, Royaumes Oubliés
ISBN: 2265063495
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1998-05-04T07:19:47+00:00

CHAPITRE VI

LES CRÉATURES DES PROFONDEURS

Les Squales échangèrent des coups d’œils stupéfaits.

Occupé à regarder le vaisseau noir qui se rapprochait, Bagouze ne vit pas la lumière avant que l’air, autour d’eux, commence à luire et à tourbillonner.

Un Tharkaran poussa un hurlement terrifié. Les pirates entendirent le claquement d’une gifle, puis le cri d’exaspération de Kurthe et le bruit de la chute du marin. Dans le silence qui suivit, la lumière augmenta. Bientôt, la nuit s’évanouit ; leur monde n’était plus qu’un vortex de brumes chatoyantes.

— Tenez-vous prêts, dit l’Enclume d’une voix tendue. Ce n’est pas ce brouillard qui empêchera notre ennemi de nous éperonner… Vu sa vitesse, ça ne va pas tarder.

— Pourquoi Belmer n’oblige-t-il pas ces crétins de marins à virer de bord, comme tout à l’heure ? demanda Belgin. On présente pratiquement le flanc pour que ces chiens nous rentrent dedans ! (Exaspéré, il serra les poings et marcha de long en large.) Ouais, s’il était devant moi, je lui dirais…

Sous ses bottes, une trappe se souleva, le propulsant contre le bastingage. Belmer passa la tête, regarda la brume et sourit avec satisfaction.

Apparemment, Belgin avait changé d’avis. Voyant qu’il n’allait rien dire à leur employeur, ce fut Bagouze qui s’en chargea :

— On ne ferait pas mieux de changer de cap pour les empêcher de nous éperonner ?

— J’ai fait ce qu’il fallait, répliqua Belmer, cassant.

— Comment avez-vous pu invoquer ce brouillard ? s’étonna Sharessa. Vous n’aviez pas le temps de jeter un sort !

Belmer haussa les épaules.

— J’en avais assez pour utiliser une magie achetée à grand prix, répondit-il. J’aurais voulu m’en servir plus tard, mais…

— Nous ne sommes plus exactement là où nous étions avant que vous invoquiez cette brume, n’est-ce pas ?

L’obèse hocha la tête.

— Bon, fit Bagouze, est-ce que nous risquons quelque chose dans ce… (il désigna le brouillard)… à part heurter quelque chose, je veux dire.

— Eh bien, il y a toujours ça, dit sèchement Belmer, montrant la grande silhouette sombre qui se découpait dans la brume verdâtre.

Beaupré tendu, un autre navire surgissait du brouillard, dominant le garde-corps de toute sa masse.

De part et d’autre de l’Oiseau du Matin, des cris retentirent. C’était un vieux galion couvert de mousse luisante… Il allait les éperonner… C’était…

— Un vaisseau fantôme ! beugla Jander Turbalt, son équipage criant de concert. Un vaisseau fantôme !

Les Squales regardèrent le bateau percuter l’Oiseau du Matin, plantant sa proue dans le gréement central.

Une odeur flotta jusqu’à leurs narines, relent de charnier pourri, de vieille moisissure et de choses mortes. Les voiles du vaisseau fantôme étaient des cordes noires luisant de limon saumâtre, et son pont disparaissait sous un tapis d’algues et de crabes qui étouffaient à l’air libre.

Sur ce lit d’immondices, l’équipage marchait à pas lents. Vêtus de haillons, les matelots ressemblaient à des spectres. Dans un silence à donner le frisson, ils brandissaient des sabres d’abordage cassés et rouillés.

Ils gagnèrent la proue de leur navire, prêts à se battre.

Sharessa sentit son estomac se soulever. Bien qu’ils n’aient pas d’yeux, ces fantômes semblaient l’observer.

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